« Y en a marre » me dit Brigitte, omnipraticienne.
« La course du matin au soir, ça
m’épuise. »
Comme beaucoup de praticiens, Brigitte voit entre 20 et 30 patients par jour.
Son agenda déborde sur des mois :
Elle est obligée de limiter drastiquement le nombre de nouveaux patients.
Et cela crée des tensions :
Les patients ont envie d’être vus et soignés, alors ils râlent…
Et puis, quand on est soignant, on se sent mal de ne pas pouvoir soulager plus de monde.
Alors Brigitte sent parfois une grande lassitude l’envahir.
Elle m’a dit avoir eu envie d’arrêter complètement et de faire autre chose.
Mais cela veut dire renoncer à ce métier qu’elle a choisi : soigner !
Elle l’apprécie d’autant plus ce métier que ses patients la remercient souvent.
Et ça, ce sont les meilleurs moments :
Quand le patient repart en bien meilleur état, ayant récupéré son sourire :
Parce qu’il peut de nouveau mâcher correctement, qu’il n’a plus aucune gêne et qu’en plus, quand il sourit, on ne voit plus son horrible chicot qu’il a
gardé si longtemps.
Y a-t-il moyen de faire autrement ?
Peut-elle soigner efficacement, autant de patient…
… tout en se préservant, elle ?
Parce que sinon, combien de temps est-ce qu’elle va tenir ?
Peut-être vous êtes-vous aussi posé la question à certains moments ?
Alors Brigitte a tenté des trucs pour calmer le rythme.
Pour prendre soin d’elle.
Pour se préserver.
Après tout, tout le monde connait ces « bonnes pratiques » :
- Faire des rendez-vous plus longs pour réduire les temps morts de chaque rendez-vous ;
- Grouper les actes pour avancer plus vite sur les traitements ;
- Réserver des plages horaires pour certains actes prioritaires ;
- …
Mais
voilà, au bout de quelques jours, les mauvaises habitudes reviennent au galop :
Les urgences déstructurent l’agenda.
Les patients insistants se retrouvent là où ils ne devraient pas…
Les exceptions se multiplient…
… et on finit par oublier la nouvelle règle qu’on était si content d’avoir mise en place !
Et tout redevient comme avant :
Rythme infernal et pression quotidienne qui épuisent…
Pourquoi cela ?
Tout simplement parce que le changement rencontre toujours des obstacles !
C’est tout à fait normal.